Souvenez-vous touristes de la Costa Blanca !
Face à Ibiza, à DÉNIA, cité de la Costa Blanca, baignée par la Méditerranée, habitants, touristes, souvenez-vous que la Guerre d’Espagne et la dictature qui a suivi, ont laissé des traces.
DÉNIA aujourd’hui
DÉNIA (nom officiel en Valencien) ou DENIA (en Castillan) est une ville côtière d’environ 45000 habitants dans la province de Alicante (Comunidad Autónoma Valenciana ou Communauté Autonome Valencienne). Connue pour son agriculture, sa viticulture et sa pêche, DÉNIA est aussi très prisée des touristes espagnols et étrangers, en période estivale sa population est multipliée par quatre. Depuis quelques années, DÉNIA est jumelée avec la ville de CHOLET (une « Plaça de Cholet » existe dans le centre historique)
DÉNIA une ville historique
Un monument domine le centre de la cité : EL CASTILLO DE DÉNIA
Ce château a été construit sur une colline par les Arabes. En effet, les MAURES ont envahi la Péninsule Ibérique à partir de l’an 711 et en sont devenus les maîtres.
La RECONQUISTA ou reconquête chrétienne commença en 722 avec la Bataille de COVADONGA en Asturies, gagnée par le Roi PELAYO face aux troupes maures. Cette RECONQUISTA se termina par la chute du REINO DE GRANADA ou Royaume de Grenade en Andalousie en 1492. Cette époque de dominance arabe a eu pour conséquence, entre autre, d’enrichir l’architecture, la culture et la langue de l’Espagne.
Le CASTILLO DE DÉNIA refait parler de lui au moment de la Guerre d’Espagne (1936-1939), durant cette période, il sert d’abri anti-aérien. Un TUNEL (TUNNEL) de 200 mètres de long comportant deux entrées est construit sous le rocher du château par l’État Républicain (Comité Local de Defensa Passiva de Dénia ou Comité Local de Défense Passive de Dénia).
Durant cette terrible guerre (du 18 juillet 1936 au 1 avril 1939), DÉNIA subit pas moins de 78 bombardements de la part de l’aviation de FRANCO et de celles de ses alliés, l’Italie fasciste de Mussolini et l’Allemagne nazie d’Hitler. Ces raids aériens visent les industries d’armement qui alimentent l’armée régulière de l’Espagne républicaine. Ces usines d’armement remplacent de nombreuses fabriques existantes de jouets. Cet abri, ce TUNEL DEL CASTILLO ainsi que d’autres construits dans DÉNIA sont une nécessité pour protéger la population civile face à ces bombardements qui demeurent meurtriers.
À travers la ville, d’autres traces de la guerre et du franquisme :
Toujours dans le centre, tout près du château, d’autres bâtiments rappellent ces heures sombres de l’Espagne de FRANCO :
El Colegio de los Hermanos Maristas (Le Collège des Frères Maristes) et Le Magasin Morand (Magasin de Raisins Secs).Ces deux bâtiments servirent de geôles à de nombreux républicains espagnols.
El AYUNTAMIENTO ou Mairie, lieu de nombreux conseils de guerre de juin à novembre 1939.
La Guerre d’Espagne conduit enfin nos pas au cimetière de DÉNIA, avenida CAMPO TORRES, où 47 personnes de DÉNIA et des environs ont été exécutées en octobre 1939 dont le maire socialiste de DÉNIA, Salvador Beltrán et le maire socialiste de PEDREGUER, Jeremías Andrés Morales.
Dans ce cimetière se trouvent des plaques où sont gravés les noms des victimes, une fosse commune où ils ont été enterrés et un MUR BLANC où apparaissent des impacts de balles.
Sur ce mur est apposée une plaque rendant hommage à ces Républicains tombés sous les balles franquistes.
Le texte de la plaque est rédigé en Valencien :
« A la memòria de la dignitat dels republicans i defensor de les llibertats, deixaren en aquest mur el seu últim sospir. Ambagraïment de les següents generacions en una societat en DEMOCRÀCIA I LLIBERTAT. »
Traduction proposée : À la mémoire de la dignité des républicains et défenseurs des libertés, qui ont rendu leur dernier soupir sur ce mur. Remerciements des générations suivantes dans une société de DÉMOCRATIE ET DE LIBERTÉ.
Dans ce même cimetière, une autre plaque évoque 5 Brigadistes Français fusillés en ces lieux en 1939 (mais un seul nom y est gravé : Antoine Benhamou).
Chaque année, après la Toussaint, une cérémonie rend hommage à ces 52 victimes du Franquisme.
D’autres Combattants Républicains Espagnols de DÉNIA ont connu LA RETIRADA, en février 1939, les camps de concentration du sud de la France et ensuite le camp de concentration nazi de Mauthausen en Autriche. Ils sont peut-être inconnus des habitants de DÉNIA. Un seul d’entre eux a été libéré le 05 mai 1945, les trois autres sont Morts en Déportation. La mention « Mort pour la France» leur a été attribuée.
Extrait du livre : LIBRO MEMORIAL-ESPAÑOLES DEPORTADOS A LOS CAMPOS NAZIS (1940-1945) de Benito Bermejo et Sandra Checa.
Remerciements pour les photos de DÉNIA de juillet 2016, à Sakina, ma sympathique complice de la chorale Sabor Hispano Americano de Lannion (22) et à Monique Escobar, pour qui, DÉNIA est une ville chère à son cœur.
Claudine Allende Santa Cruz