Claudio Rodríguez Fer, Président d’honneur de Mere 29 en Haute-Savoie au Plateau des Glières
Dans ce haut-lieu de la Résistance de la seconde Guerre Mondiale, de nombreux Combattants Républicains Espagnols jouent un rôle important dans le Maquis des Glières, face à l’occupant allemand et au gouvernement collaborationniste de Vichy.
Leur parcours avant de rejoindre la Haute-Savoie : Ils combattent en Espagne contre les troupes de Franco de 1936 à 1939. Mais, Franco « le vainqueur », les oblige à quitter leur terre natale et républicaine. Ils connaissent alors la « Retirada » et les camps de « concentration » du sud de la France. Puis en septembre 1940, incorporés aux G.T.E. (Groupements de Travailleurs Étrangers) 514 et 517, ils arrivent en Haute-Savoie.
Durant l’occupation allemande dans le sud de la France et dès novembre 1942, beaucoup d’entre eux réussissent à s’évader de ces G.T.E. et rencontrent les premiers maquisards français. Ils intègrent les divers maquis existant dans la région.
En janvier 1944, le Lieutenant Théodose Morel (1915-1944), plus connu sous le nom de Tom Morel, devient le chef de tous les maquis de Haute-Savoie. Cet officier du 27ème B.C.A. (Bataillon de Chasseurs Alpins), Résistant et Compagnon de la Libération, a pour mission de monter au plateau des Glières afin de réceptionner les armes parachutées depuis Londres. En février 1944 Tom Morel va réunir 120 maquisards dont 56 Républicains Espagnols et s’installer sur le plateau. Parmi ces espagnols, Miguel Vera est chargé de la coordination militaire et crée les sections EBRO et RENFORT EBRO. Le commandement est assuré, comme convenu, par Tom Morel dont la devise est « VIVRE LIBRE OU MOURIR ». Début mars 1944, les combats très durs se poursuivent contre l’armée allemande, la milice française et les G.M.R. (Groupes Mobiles de Réserve) du gouvernement de Vichy. Dans la nuit du 9 au 10 mars 1944, Tom Morel est atteint d’une balle tirée par le commandant Lefebvre du G.M.R. Aquitaine. Les combattants républicains espagnols ont perdu leur chef, qui, quand il parlait d’eux, disait « Mes Espagnols » et non « Les Espagnols ». S’en suivent, à la fin mars 1944, de nombreux bombardements de l’aviation allemande afin d’annihiler ce maquis des Glières. Les pertes dans la Résistance sont nombreuses : 120 maquisards tués, fusillés ou Morts en Déportation et 20 sédentaires.
Parmi les victimes, 9 Combattants Républicains Espagnols « MORTS POUR LA FRANCE » qui reposent à la Nécropole nationale de Morette-Glières aux côtés d’environ 90 Français (dont 3 Bretons) et quelques Étrangers :
ANDUJAR GARCÍA Florián (Terrecampe ou Torrecampo, Córdoba), BELLOSO COLMENAR Félix (Hervás, Cáceres), CORPS MORALEDA Manuel (Temblenque, Toledo), ESCUDERO PEINADO Avelino (La Torre de Estebán Hambrán, Toledo), FONTOVA ou FONTOBA CASAS Paulino (La almunia de Doña Godina, Zaragoza), HERNÁNDEZ ou FERNÁNDEZ GONZÁLEZ Pablo (Viñuelas, Guadalajara), REYNES Gabriel (Sóller, Mallorca), RODA LÓPEZ Patricio (Mula, Murcia), URSÚA SALCEDO Victoriano (Mendavia, Navarra).
Pour que ces Combattants Républicains Espagnols et ces Maquisards Français ou Étrangers du Plateau des Glières vivent toujours dans nos mémoires et, pour que nous ne les oublions pas, de nombreux écrits ont été publiés et plusieurs monuments ont été érigés :
Le poème en espagnol « CEMENTERIO DE MORETTE-GLIÈRES, 1944 » de José Ángel VALENTE (1929 Orense, 2000 Genève), poète espagnol qui est parti en exil suite à la publication de « El uniforme del general » qui lui causa des problèmes avec la dictature franquiste. Ce poème, « CEMENTERIO DE MORETTE-GLIÈRES, 1944 » est un hommage à ces 9 combattants républicains espagnols qui reposent en ce lieu.
Claudio Rodríguez Fer, ami de Valente et spécialiste de l’œuvre de cet écrivain, est le Directeur actuel de la chaire de José Ángel VALENTE de Poésie et Esthétique de l’Université de Saint-Jacques de Compostelle.
CEMENTERIO DE MORETTE-GLIÈRES, 1944
No reivindicaron
más privilegio que el de morir
para que el aire fuese
más libre en las alturas
y los hombres más libres.
Ahora yacen,
con su nombre o anónimos,
al pie de Glières y ante la roca pura
que presenció su sacrificio.
Hombres
de España entre los muertos
de la Alta Saboya:
ellos lucharon por su luz visible,
su solar o sus hijos, más vosotros
sólo por la esperanza.
La nieve aún dura prodigiosamente
viva en el aire mismo
donde morir fue un puro
acto de fe o de supervivencia.
¿Quién podría decir que murieron en vano?
Al cielo roto y a la tierra vacía,
a los pueblos de España,
a Hervás, a Mula, a todas
las islas Baleares,
a Mendavia, Viñuelas,
Ambrán, La Almunia,
Terrecampo, Tembleque,
devuelvo el nombre de sus hijos:
Félix
Belloso Colmenar, Patricio
Roda, Gabriel Reynes o Gaby, Victoriano
Ursúa, Pablo Hernández,
Avelino Escudero,
Paulino Fontava, Florián Andújar,
Manuel Corps Moraleda.
Otros duermen tal vez
bajo una cruz desnuda, lejos
de su país, de su memoria, donde
todos los muertos son
un solo cuerpo ardiente:
carne nuestra, palabra,
historia nuestra que no conocimos,
sangre sonora de la libertad.
J. A. Valente (Poemas a Lázaro 1960)
Le monument à ANNECY « AUX ESPAGNOLS MORTS POUR LA LIBERTÉ » Dans les rangs de l’Armée Française, de la Résistance 1940-1945 sculpté par Baltasar Lobo en 1952 et devant lequel une plaque explicative comporte la traduction en français de Jacques Ancet du poème de José Ángel Valente.
Le monument à Thorens-Glières de 1939-1945.
Le monument national à la Résistance du plateau des Glières sculpté par Émile Gilioli en 1973 et inauguré en septembre 1973 par André Malraux.
« Más vale morir de pie que vivir de rodillas » ou « Il vaut mieux mourir debout que vivre à genoux »
Un livre relatant cette résistance des républicains espagnols au plateau des Glières de Véronique Olivares Salou et Michel Reynaud :
Le 27 mai 2014 a eu lieu à Annecy l’inauguration du « Monument aux espagnols » rénové en présence de Claudio Rodríguez Fer et Carmen Blanco. Vous pouvez retrouver cette cérémonie sur le lien suivant :
Con todo mi agradecimiento a Claudio.
Claudine Allende Santa Cruz