Avril 1931, avril 1948, avril 2018…Il y a 87 ans, la République espagnole, un mois pour se souvenir
En 1931, l’Espagne comptait 24 millions d’habitants. La moitié était analphabète. On estime qu’un tiers de la population survivait dans la misère. Deux millions d’agriculteurs n’avaient pas la moindre parcelle à eux tandis que 20 000 personnes détenaient la moitié des terres cultivables.
Le 12 avril 1931, les élections municipales donnèrent la victoire aux Républicains. Le roi Alphonse XIII s’en alla. Le 14 avril, la République fut proclamée pacifiquement… sans un coup de feu !
Voici 87 ans, l’avènement de la seconde République espagnole, traduisait la volonté de progrès social et démocratique du peuple espagnol.
Avec sa constitution, adoptée le 9 décembre 1931, l’Espagne républicaine, avec une grande avance sur bien d’autres pays, instaurait de nouveaux droits : le suffrage universel, la séparation de l’Église et de l’État, l’école laïque gratuite et obligatoire, le droit de vote pour les femmes… Autant d’avancées démocratiques qui ne pouvaient laisser le camp des tenants de l’ordre ancien autoritaire et liberticide sans réaction… Quatre ans durant, les sons des canons fascistes, le bruit des bottes franquistes s’emploieront à faire taire l’espoir…
Il y a 70 ans, le 19 avril 1948, Brest honorait ces fils d’une république assassinée. A l’occasion du 17e anniversaire de la seconde République espagnole, cinq Espagnols, résistants aux côtés de leurs « frères d’armes » français dans la lutte contre l’occupant, membres du réseau « Los Deportistas » qui furent arrêtés à Brest le 28 mars 1944, étaient décorés de la Croix de Guerre 1939-1945.
Il s’agissait de Fernández Miró Francisco (déporté à Dachau), Muñoz Zamora Antonio (déporté à Dachau et Mauthausen), García Corona Moisés (déporté à Dachau), Riu Vilalta Fernando (déporté à Dachau), García Martín Antonio (décoré à titre posthume. Responsable du groupe « Los Deportistas » de Brest, il a été fusillé le 21 avril 1944 au Poulguen en Penmarc’h)
À cette occasion, deux personnalités « républicaines espagnoles » firent le déplacement, Enrique de SANTIAGO RIVERA, représentant de l’UGT et le général Juan HERNÁNDEZ SARAVIA, ministre de la Défense nationale sous la République espagnole.
C’est à ce dernier que fût offert par les mouvements de résistants de Brest un drapeau aux couleurs de la République espagnole, rappelant ainsi les liens qui unissaient les « frères d’armes » français et espagnols dans leurs luttes contre les nazis. Ce drapeau qui a traversé les âges, conservé par le petit-fils de Francisco Fernández Miró, continue d’accompagner certains de nos rassemblements nous rappelant ainsi cette nécessité de mémoire.