Milagros, Teresa, Manuel Muñoz Minchero et leur famille ont quitté, en 1937, leur pays basque espagnol bombardé par l’aviation fasciste de Mussolini et par la légion condor nazie d’Hitler pour se réfugier dans le Finistère.
La famille Muñoz Minchero à la fin janvier 1937 se compose de :
Manuel Muñoz Moreno, le père, né en 1902 à Villanueva de Tapia dans la province de Málaga et décédé le 23.04.1937 sur le front de Elorrio.
Victorina Minchero Rubio, la mère, âgée de 27 ans.
Milagros Muñoz Minchero, la fille, née le 20.11.1928 à Pasajes (en basque Pasaia), la ville où est né Francisco Rabaneda Cuervo, plus connu sous le nom de Paco Rabanne.
Teresa Muñoz Minchero, la seconde fille, née le 03.02.1935 à Altza, ville qui fait partie aujourd’hui de San Sebastián (en basque Donostia).
Manuel Muñoz Minchero, le fils, né le 26.01.1937 à Pasajes et décédé à Plouhinec (29) le 04.07.1937.
Victoria Rubio Hernaiz, la grand-mère et mère de Victorina, âgée de 57 ans.
Cette famille Muñoz Minchero vit à Pasajes quand a lieu, le 18 juillet 1936, le soulèvement militaire des généraux rebelles (Francisco Franco Bahamonde, José Sanjurjo Sacanell et Emilio Mola y Vidal) contre le gouvernement légal de la République espagnole. Le pronunciamiento échoue en grande partie et va entraîner quelques semaines plus tard le pays dans une terrible guerre civile.
Sur le front nord cantabrique, les villes tombent aux mains des insurgés, les unes après les autres : Bilbao en juin 1937, Santander en août et Gijón, la dernière ville républicaine résiste jusqu’en octobre 1937.
Avant que le « cinturón de hierro » (ceinture de fer) qui protège Bilbao, ne tombe en juin 1937, d’autres villes de la province de Vizcaya vont subir de nombreux bombardements. C’est le cas de Durango (ville proche de Bilbao et Guernica) où l’aviation fasciste de Mussolini déverse sur la population civile des quantités de bombes le 31 mars 1937 et les jours suivants.
Puis c’est le tour de Guernica (en basque Gernika-Lumo) le 26 avril 1937 où la légion condor nazie d’Hitler vient bombarder la ville, le jour du marché, en faisant environ 1600 morts et 800 blessés.
À Durango, où plus de 280 bombes sont déversées, on dénombre plus de 500 morts et de nombreux blessés. Cette attaque générale franquiste est ordonnée par le général Mola dans le but d’éliminer le front nord. Parmi les victimes, Teresa Minchero Rubio, la tante de Milagros, Teresa et Manuel et la sœur de leur maman Victorina.
La famille Muñoz Minchero, qui habite en janvier 1937 à Pasajes, vient se réfugier à Durango pour s’éloigner des lieux de combat.
Teresa Minchero Rubio, Milagros et la petite Teresa se trouvent près du cimetière de Durango quand elles sont surprises par les bombardements de l’aviation fasciste de Mussolini. La tante de Milagros et Teresa s’allonge sur les deux petites filles mais elle est touchée par un projectile et perd la vie. Quand à Milagros, elle est blessée et perd la main droite. Teresa qui n’a que deux ans est indemne. Milagros est hospitalisée par la suite à Basurto et est amputée du bras droit.
Quant au père de Milagros, Teresa et Manuel, Manuel Muñoz Moreno , qui appartient au Bataillon « Karl Liebknecht » du P.C.E. (Partido Comunista de España) en tant que milicien, il va lutter contre les franquistes et leurs alliés. Il est tué sur le front de Elorrio (ville située au sud-est de la province de Vizcaya) le 23 avril 1937.
Puis toute la famille Muñoz Minchero décide alors de quitter la province de Vizcaya en juin 1937 et embarque sur un bateau anglais transportant du charbon ; le port d’embarquement est certainement celui de Santurce (en basque Santurtzi). La famille Minchero Arandia se joint aussi au clan Muñoz Minchero ; en réalité ils sont parents car Prudencia Arandia, épouse Minchero n’est autre que la belle-sœur de Victorina Minchero Rubio.
Ce second groupe se compose de :
Prudencia Arandia, la mère, âgée de 24 ans.
Ana María Minchero Arandia, la première fille, âgée de 5 ans.
María Teresa Minchero Arandia, la seconde fille, âgée de 3 ans.
Arturo Minchero Arandia, le fils, âgé de 3 mois.
La traversée de la mer cantabrique est difficile à cause du blocus imposé par Franco afin d’empêcher les bateaux transportant des réfugiés espagnols d’atteindre les eaux internationales. Le bateau anglais est intercepté par le croiseur franquiste « Almirante Cervera » mais réussit à continuer sa route et va accoster certainement en Bretagne.
Les réfugiés des deux familles, passagers de ce bateau anglais, vont être logés le 16 juin 1937 à la colonie de vacances de Poulgoazec en Plouhinec (Finistère), là, où sont arrivés depuis quelques jours de nombreux réfugiés espagnols provenant essentiellement des trois provinces basques espagnoles.
Mais à Plouhinec, la famille Muñoz Minchero va à nouveau être frappée par un triste événement, car le petit Manuel, âgé de quelques mois, décède le 4 juillet 1937, victime d’une insolation.
Puis le périple de ces réfugiés va continuer dans le Finistère puisqu’ils quittent Plouhinec le 3 août 1937 pour le Pavillon de Sourdis de Quélern en Roscanvel dans la presqu’île de Crozon (colonie de vacances gérée par la caisse des écoles de Landerneau) et où ils arrivent le même jour.
Dans cette colonie de vacances de Quélern, la famille Muñoz Minchero fait la connaissance des 5 enfants de Madame Saout, commerçante à la Barrière de l’Étoile à Landerneau. Milagros va d’ailleurs séjourner chez Madame Saout et sa fille Christiane Saout (épouse André) se souvient très bien de Milagros.
Après ce séjour en Bretagne, loin des bombardements et des morts, c’est le retour dans leur patrie, toujours en guerre le 12 octobre 1937 via Hendaye Irún et donc en terre franquiste. 74 réfugiés de la colonie de Roscanvel sont rapatriés par train depuis la gare de Landerneau en direction de la frontière franco-espagnole.
Grâce au courrier du 7 octobre 1937 de Monsieur Charles Pucheu, adjoint au Maire d’Urrugne, adressé à Monsieur le Préfet du Finistère les deux familles de réfugiés basques espagnols rentrent au pays qui les a vu naître.
Ces entrées en Espagne par Irún sont autorisées à condition que les réfugiés se rendent au camp de concentration de Fuenterrabía (en basque Hondarribia) pour diverses formalités. Mais, ni Milagros ni Teresa ne se souviennent de ce passage dans le camp de cette ville.
La famille Muñoz Minchero va s’installer à Hernani tout près de San Sebastián.
Aujourd’hui, Milagros habite toujours à Hernani et a élévé ses huit enfants.Quant à Teresa, elle demeure dans les Landes pas très loin de son fils Manuel qui, lui, a élu domicile à Hendaye. Seule la frontière franco-espagnole sépare las dos hermanas.
Milagros et Teresa, « Las dos hermanas supervivientes del bombardeo de Durango » (Les deux sœurs survivantes du bombardement de Durango), ont assisté en 2017 au vernissage de l’exposition itinérante Emeek Emana de Intxorta 1937 qui a fait une halte à Donostia et dans laquelle l’on peut voir le portrait de Teresa. Cette exposition ne comporte que des photos de femmes victimes du franquisme. Milagros et Teresa sont très heureuses de voir que leur histoire ne tombe pas dans l’oubli.
Agradecimientos a Manuel de Hendaye, el hijo de Teresa y sobrino de Milagros, por autorizarme a publicar en el sitio de la asociación Mere 29, el recorrido de su madre, de su tía y de toda la familia Muñoz Minchero.
Remerciements aussi à Christine d’Audierne, la fille de Christiane André, la copine de « colo » de Milagros.
Claudine Allende Santa Cruz
Le 14 avril 2018
Milagros MINCHERO RUBIO (Nom complet de sa mère Victorina), de son vrai nom MUÑOZ MINCHERO, est décédée le 16 février 2020 à l’âge de 91 ans à HERNANI (Guipúscoa).