Exposition “J’ai dessiné la guerre”. Le regard de Françoise et Alfred Brauner
Dans le cadre du II ème Colloque international « La Retirada et l’exil républicain espagnol en Bretagne, 80 ans après (1939-2019). Histoire, mémoire, création », qui va se dérouler à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines, à Brest du 1er au 3 avril et à la salle Saint-Yves à Camaret-sur-Mer le 4 avril 2019, la salle du Forum des étudiant-e-s va accueillir l’exposition « J’ai dessiné la guerre. Le regard de Françoise et Alfred Brauner ».
Cette exposition a été présentée la 1ère fois au siège de l’UNESCO à Paris du 7 au 11 décembre 2011, dans le cadre du programme d’éducation des enfants en détresse. Ses 25 panneaux retracent l’histoire des conflits contemporains à partir de dessins d’enfants qui en livrent un témoignage poignant.
L’exposition présente ainsi des dessins réalisés pendant la Guerre d’Espagne et collectés par Françoise et Alfred Brauner. Ils se sont engagés dans les Brigades Internationales, elle, comme médecin et lui, pédagogue et psychologue, pour inspecter les colonies et centres d’enfants espagnols évacués des zones républicaines.
En 1938, ces deux grands collecteurs de « dessins-témoignages », Françoise et Alfred Brauner, reçoivent d’une classe de Barcelone un paquet de dessins à remettre aux enfants de France pour leur demander de l’aide. Il s’agit non seulement d’enfants catalans scolarisés restés dans leur ville mais aussi d’enfants réfugiés ayant assisté à des évènements tragiques comme le bombardement de leur maison, de leur village ou de leur ville, dans la zone républicaine. Les Brauner proposent alors au Secours Rouge International d’organiser un concours de dessins dans toutes les écoles de Catalogne. On retient 3 thèmes : « Ma vie avant la guerre » ; Ce que j’ai vu de la guerre » ; « Comment je vois ma vie après la guerre ». Plus de 10 000 dessins vont être expédiés aux Brauner, une partie va être envoyée aux USA par les O.N.G et les Brauner vont en conserver 2 000 (dont un dixième sera retenu dans leur livre « J’ai dessiné la guerre » en 1995).
Ils ont ensuite glané toute leur vie des dessins d’enfants dans la guerre, des « voix de papier ».
L’exposition est accompagnée d’un film documentaire: “Lo que yo he visto de la guerra“. Los dibujos infantiles de la Colección Brauner (1937-1938), financé par la Deputación provincial de Guadalajara. C’est un extrait du film “J’ai dessiné la guerre“, réalisé par Guy Baudon.
Le psychologue Alfred Brauner présente une série de 25 dessins d’enfants:
- “La toma del cuartel de la Montaña“, Victoria Ramos Dulanto (15 ans)
- “Hemos visto un gran ¡ pum!”
- “La evacuación de Madrid”, Antoni Ferre (11ans)
- “Nuestro tren bombardeado“
- “El agujero de obús”, Clotilde Vega (14 ans)
- “Bombardeo de mi calle en Madrid“, Manuel Arias (11 ans)
- “El camillero y la mujer herida“, Luis Sarda (12 ans)
- “Una niña ha muerto“, Marie Pujols (11 ans)
- “El que he visto de la guerra“, Albert Sanjenis (6 ans)
- ” La casa partida en dos“, Manuel Pérez Osona (12 ans)
- “Corriendo al refugio“, Maria Rosa Ruiz (14 ans)
- “Noche en el metro“, Teresa (8 ans)
- “La defensa antiaérea“, J. Verdaguer (10 ans)
- “Combate aéreo“, Alberto Escobedo (12 ans)
- “Evacuación de Ballobar (Huesca), Joaquina Huguet (14 ans)
- “Bombardeo en Oropesa, Carmen Hernandez (12 ans)
- “La ayuda Suisa“, Feliciano Jiménez (14 ans)
- “El ahorcado“, R. Pernisan (13 ans)
- “La enfermera y el herido“, Paquita (13 ans)
- “El miliciano valiente“, Teodosio Leal Palmer (9 ans)
- “La cola delante de la panaderia“, J.Martinez (11 ans)
- “El cine no arde“, Juan (13 ans)
- “Barco bombardeado“, María Antonia Pérez
- “Los combatientes heridos“, Pedro Télloz (12 ans)
- “La vida después de la guerra“, Francisco Álvarez Mendoza (10 ans)
Rose Duroux, professeure émérite de l’Université Blaise Pascal (Clermont-Ferrand 2) est la responsable scientifique de l’exposition et le mardi 2 avril 2019 à 9h, elle tiendra la conférence « Enseigner par temps de guerre et d’exil » : quel enseignement ont reçu les enfants de l’exode républicain espagnol en France, accueillis dans un centre d’hébergement collectif, dans une famille d’accueil, dans une colonie ?
Ses domaines de recherche ont d’abord été les migrations, notamment des migrants français vers l’Espagne (les Auvergnats de Castille), puis les exils, en particulier pour l’exil induit par la guerre d’Espagne, l’exil des écrivains ( Max Aub) mais surtout les enfances en exil avec l’étude de leurs témoignages écrits ou graphiques, contemporains ou rétrospectifs.
Rose Duroux s’est impliquée en 2010-2012 dans le projet de l’Agence Nationale de la recherche du CELIS (Centre de Recherches sur les littératures et la Socio-Politique, « Enfance Violence Exil » (EVE) ainsi que dans le colloque « Enfances en guerre. Témoignages d’enfants sur la guerre » en 2011, sous le haut-patronage de l’UNESCO, à l’occasion du centenaire de la naissance de Françoise et Alfred Brauner.
Ses publications les plus récentes sont :
- « J’ai dessiné la guerre. Le regard de Françoise et Alfred Brauner » (2011)
- « Enfances en guerre. Témoignages d’enfants sur la guerre» (2011), L’équinoxe 2013
- « Autour de la Maternité d’Elne. L’action humanitaire de la guerre d’Espagne à nos jours», en collaboration avec Geneviève Dreyfus-Armand (2016).
- « Ma vie en France. Cahier d’exil d’une adolescente espagnole (1939-1943), d’Aurélia Moyà-Freire: avant-propos et postface intitulée « Comment organiser le chaos », en collaboration avec Célia Keren et Danielle Corrado.
La récupération de la mémoire des enfants de la guerre d’Espagne est aussi au cœur d’une autre exposition, l’exposition itinérante « Entre España y Rusia. Recuperando la historia de los niños de la guerra » dont la commissaire scientifique est Verónica Sierra Blas, professeure d’histoire contemporaine à l’Université Alcalá de Henares (Madrid).
Voici les liens concernant cette exposition, le livre de Verónica Sierra Blas « Palabras Huérfanas », celui de Guadalupe Adámez Castro « Gritos de papel » :
12/10/2017 https://www.mere29.com/2017/10/12/80-aniversario-del-exilio-de-los-ninos-de-la-guerra/
Des cahiers et mémoires nous montrent aussi comment les enfants et les adolescents ont subi la guerre d’Espagne et l’exil :
- « Ma vie en France. Cahier d’exil d’une adolescente espagnole (1939-1943) », d’Aurélia Moyà-Freire, Presses Universitaires du Midi, Toulouse (2017)
- « Un regard innocent. Journal de la guerre civile en Espagne», de Encarnació Martorell i Gil, éditions Métailié (2011)
Marie Le bihan