Le 29 mai 2018, nos amis galiciens Claudio Rodríguez Fer et María Lopo nous ont proposé un après-midi littéraire et poétique sur le thème des liens qui unissent la Galice et la Bretagne.
C’est au centre culturel espagnol de Brest qu’a eu lieu ce sympathique rendez-vous.
Tout d’abord, Hugues Vigouroux, Président de MERE29, a prononcé les mots de bienvenue à l’attention de Claudio (Président d’honneur de MERE29) et de María.
- Puis María, spécialiste en Galice de la biographie de María Casares, a choisi de nous faire connaître l’attachement qu’avait María Casares pour la Bretagne et en particulier pour Camaret-sur-Mer.
María Casares est la fille de Gloria Pérez et de Santiago Casares Quiroga, Président du gouvernement sous la présidence de la seconde République espagnole de Manuel Azaña (13 mai 1936-18 juillet 1936, date du soulèvement des militaires contre la République légale). Elle est née dans la ville de A Coruña en Galice, cette très belle région d’Espagne qui ressemble beaucoup à la Bretagne.
Dès novembre 1936, María et sa mère Gloria vont quitter Madrid à cause de la guerre d’Espagne qui fait rage et elles se réfugient à Paris. María va y faire ses études et deviendra la grande comédienne et tragédienne que nous avons connue sous le nom de Maria Casarès.
Toutes les deux vont venir régulièrement en vacances en Bretagne et notamment à Camaret comme l’a expliqué Maria dans son livre « Résidente privilégiée ».
Elle se considérait celte et écrivait : « Camaret (…) ses landes (…) son vent sur lequel on se couche (…) ses grottes tapissées de petites vagues de sable humide, et là_devant_partout_sous le ciel mouvant de ma Galice natale, mon Océan ». (« Résidente privilégiée » – Maria Casarès 1998– pages 153 et 154 ; « O tempo das mareas. María Casares e Galicia »–María Lopo 2016-page 136)
Puis María Lopo nous fait part d’une remarque : Maria Casarès et Gloria, qui sont venues souvent à Camaret, ont-elles connu les réfugiés basques qui ont été hébergés en 1937 à Roscanvel près de Camaret ou les autres réfugiés espagnols arrivés en ce même lieu en 1939 ? Il est vrai qu’étant dans des communes si proches et connaissant le sort des réfugiés de la guerre d’Espagne 1936-1939 de ces deux vagues, cela paraît surprenant qu’elles ignoraient leur présence ! La question est restée sans réponse.
Après ce petit aparté historique, María poursuit sur les nombreux séjours de Maria Casarès à Camaret en compagnie de son père Don Santiago et surtout avec son bien-aimé Albert Camus qui l’avait baptisée « Mon Finistère ».
Maria Casarès qui a tellement aimé ces coins de Bretagne comme les Tas de Pois, la Pointe du Raz lui rappelant tant sa Galice, va même penser y acquérir un moulin. Mais le décès brutal en janvier 1960 d’Albert Camus va mettre fin à ce rêve d’avoir une demeure à Camaret.
María nous précise que Maria Casarès est venue en 1946 pour le tournage du film « L’Amour autour de la maison » de Pierre de Hérain à Saint-Efflam en Plestin-les-Grèves dans les Côtes-du-Nord.
- Quant à Claudio, le second intervenant, il a choisi, comme María, de nous conter sous forme poétique les liens qui unissent la Galice et la Bretagne et en particulier le Finistère.
Claudio va, tout d’abord, nous lire cinq poèmes qu’il a écrits en galicien et qui ont trait à la Bretagne et à différents sites du Finistère ; María va en assurer la traduction en français.
Il s’agit de BRETAÑA, POINTE DU RAZ, AUDIERNE, BREST, CONQUET. Ces poèmes sont extraits du livre « VIAXES A TI » publié en 2006 et du livre « MEUS AMORES CELTAS » de 2010.
Puis un autre récit de Claudio en prose rédigé en galicien et en castillan et écrit à la Résidence des étudiants de La Harpe à Rennes et dont le titre est « ARMÓRICA GALAICA ».
Claudio va terminer son récital poétique en rendant hommage à toutes les victimes du franquisme en Espagne et hors de l’Espagne, lui, qui est Président de « Asociación para a Dignificación das Vitimas do Fascismo » (Association pour la Dignité des Victimes du Fascisme) en Galice. Les deux poèmes que Claudio va nous lire et que María va traduire en français ont été publiés dans « AMORES E CLAMORES (POESÍA REUNIDA) » 2016 et « A MULLER SINFONÍA. CANCIONEIRO VITAL » 2018.
Le premier poème de « CLAMORES » a pour titre « PAZ PARA SEMPRE » (PAIX POUR TOUJOURS) et est gravé sur le Monumento « Xermolos de paz e liberdade » («Germes de paix et de liberté»), Avenida de Navarra de la ville de A Coruña, près du Parque de la Torre de Hércules. Ce « Memorial polas vítimas de represión franquista » a été inauguré le 19 décembre 2010. Ce monument comporte de nombreux noms de victimes du franquisme de la ville de A CORUÑA et des municipalités avoisinantes ainsi que de celle de BETANZOS.
Sur la pierre comportant les noms commençant par D/E/F se trouve l’oncle de Raoul Exposito, membre de MERE29 (première colonne à gauche).
EXPÓSITO GONZÁLEZ Enrique était né à A Coruña et avait 31 ans en 1937. Il était mécanicien à A Coruña et appartenait à la CNT (Confederación Nacional del Trabajo). Il demeurait au numéro 5 – 2° Avenue de Biscaia. Il a été jugé à A Coruña, condamné à mort pour rébellion militaire et exécuté à 6h30 le 11 septembre 1937 dans cette même cité.
Le second poème que nous pouvons retrouver dans le recueil « A MULLER SINFONÍA. CANCIONERO VITAL » dont le titre est « ARSENAL DA BARBARIE » a été écrit spécialement pour rendre hommage le 14 octobre 2014 à ces travailleurs forcés de la base des sous-marins de Brest et aussi aux enfants de ces victimes du fascisme. La lecture par Claudio et la traduction par María de ce magnifique écrit sont si émouvantes que parfois nous ne pouvons retenir nos larmes.
Après ce très enrichissant et poétique après-midi, le pot de l’amitié à été offert aux différents invités en ce centre culturel espagnol de Brest.
Vidéo de Pierre pour la venue de Claudio et María à Brest :
Claudine Allende Santa Cruz
Le 27 mars 2019