Le dernier Brigadiste vient de décéder
Lors de la Guerre d’Espagne, les Brigades internationales, composées de volontaires antifacistes venant de 53 pays différents, se sont battues au côté des Républicains contre les rebelles. Sur la totalité du conflit, c’est environ 35 000 Brigadistes qui sont intervenus en Espagne, et parmi eux les Français représentaient la composante numériquement la plus forte, un peu moins de 10 000. On estime que 15 000 de ces Brigadistes sont morts au combat.
Le dernier brigadiste, Joseph Almudever, est décédé le 23 mai 2021 alors qu’il approchait des 102 ans. En 2018, son histoire avait fait l’objet du documentaire El último brigadista. Deux ans plus tôt, le 9 octobre 2016, il avait été nommé « Embajador » par la Generalitat Valenciana, qui l’avait qualifié alors de « Témoin exceptionnel de notre Histoire et de la Mémoire vivante de la lutte pour la Liberté » mais la cérémonie s’était mal terminée … alors que retentissait l’hymne royal espagnol, il était descendu de l’estrade !
Aujourd’hui, c’est un honneur pour MERE 29 que de rendre hommage à ce personnage exceptionnel.
Ci-dessous une courte biographie de Joseph tirée pour l’essentiel du documentaire El último brigadista (https://www.verkami.com/projects/17730-documental-el-ultimo-brigadista) et d’une longue interview qu’il a donnée en octobre 2019 à nos amis de Coordination Caminar.
Que tous en soient remerciés !
Joseph est né le 30 juillet 1919 à Marseille de parents espagnols qui, pour des raisons économiques, avaient immigré en France en 1914. En 1930, la famille décide de retourner vivre en Espagne, à Alcacer, dans le village natal du père, situé dans la province de Valence.
Après avoir participé en mai 1936 à la création des Jeunesses Socialistes Unifiées, Joseph, alors âgé de 17 ans, s’engage dès le début de la Guerre d’Espagne dans la colonne de volontaires Pablo Iglesias, à Valence. Le 13 septembre, il se retrouve sur le front de Teruel où il va rester jusqu’au 26 juin 1937. Il devient, en septembre de la même année, sergent instructeur à Torrent, près de Valence. En mars 1938, il est incorporé dans la 28e division sur le front de Teruel mais est blessé le 25 avril 1938 à Corbalan.
Étant né en France, il se fait alors enrôler dans les Brigades Internationales et, le 15 juillet 1938, intègre la 129ème Brigade Internationale dans la batterie Carlos Rosselli.
En octobre 1938, les Brigades Internationales sont retirées des lignes du front mais Joseph va rester à Valence jusqu’au 17 janvier 1939. 4 jours plus tard, il revient en France.
Joseph est immédiatement renvoyé chez lui, à Marseille, alors que ses parents sont toujours à Alcacer, en Espagne. Le 5 février 1939, il s’embarque clandestinement sur un bateau anglais à destination de Valence où il débarque deux jours plus tard. Le 29 mars, Valence tombe. Joseph et son père se réfugient sur le port d’Alicante où tous les deux sont arrêtés le 30 et emprisonnés au camp de Los Almendros le 31. Le 1er avril 1939, Joseph est transféré au camp d’Albatera tandis que son père est emprisonné à Orihuela, au Sud d’Alicante. Du 1er mai au 1er juillet 1939, Joseph est mis au cachot. Le 26 octobre 1939, le camp est désaffecté et Joseph est envoyé à la prison de Portaceli à Valence. Le 16 mars 1941, il est à la prison Modelo de Valence. Jugé et condamné peu après à trente ans de prison, sa peine est réduite à douze ans et un jour mais après quatre années d’emprisonnement il est libéré pour bonne conduite.
Revenu en France, il décide de rentrer de nouveau en Espagne pour poursuivre le combat contre la dictature au sein du groupe de Guerilleros du Levant. En février-mars 1947, l’état-major du groupe de Valence puis plusieurs membres du groupe de Joseph sont arrêtés mais Joseph en réchappe miraculeusement. Dénoncé le 9 juillet de la même année, il ne devra son salut qu’à la lenteur d’une démarche administrative. Caché à Barcelone, il apprend qu’il risque d’être arrêté. Il quitte alors l’Espagne et arrive à Pamiers, en Ariège, le 14 août 1947.
Il passera en Ariège le reste de sa vie.
Salut, Joseph !