José VÁZQUEZ MONJE, républicain espagnol, travailleur forcé et résistant FFI
José VÁZQUEZ MONJE est né le 31 mai 1916 à Madrid. Il est le fils de Mariano VÁZQUEZ et de Elisa MONJE.
Il n’y a aucun renseignement concernant sa jeunesse à Madrid. Il est précisé uniquement qu’il est tailleur de pierre (cantero).
Je n’ai pas trouvé de documents au C D M H (Centro Documental de la Memoria Histórica) de Salamanca qui puissent justifier de sa participation à la Guerre d’Espagne 1936-1939 déclenchée le 18 juillet 1936 par les généraux rebelles dont Franco, contre la République espagnole légalement installée.
Un seul papier du B O E (Boletín Oficial del Estado) numéro 236, page 8225 du 24 août 1943, permet de dire que José a obtenu «la liberté conditionnelle avec libération de l’exil » comme 307 prisonniers. José VÁZQUEZ MONJE, s’il s’agit de la même personne, a connu la Prison Provinciale de Sevilla.
Le 26 janvier 1939, Barcelona tombe entre les griffes de Francisco Franco Bahamonde et de ses acolytes « Nacionalistas ». À ce moment José, étant certainement dans cette région catalane qui a résisté contre l’envahisseur franquiste avec l’appui d’une grande partie de l’Église, les nazis de Hitler et les fascistes de Mussolini, va traverser la frontière des Pyrénées le 8 février 1939 par Cerbère, tout comme 450 000 à 500 000 civils et combattants républicains espagnols qui ont connu cette terrible RETIRADA.
Son exil en France qu’il espère, je suppose, provisoire va lui faire connaître divers camps de « concentration » du sud de la France comme Argelès-sur-Mer, Saint-Cyprien, Le Barcarès (les trois en Pyrénées-Orientales), mais il n’est pas possible de l’affirmer officiellement par manque de preuves.
Par contre, ce qui est certain, c’est « qu’il a servi pendant la Guerre 1939/1940 » dans le 22e Régiment de marche étranger (5e région militaire), dont le bureau de recrutement se trouvait à Perpignan (Pyrénées-Orientales). Il s’agit certainement du 22e Régiment de Marche de Volontaires Étrangers (22e RMVE) qui a été créé au sein de la Légion étrangère au camp de « concentration » du Barcarès. Le 22e RMVE, créé le 24 octobre 1939 et dissous en juillet 1940, a combattu dans l’est et surtout dans le Nord de la France contre l’armée du Reich.
Puis, un document trouvé aux AD 66 de Perpignan précise qu’un « certain » José Vazquez, né le 31 mai 1917 à Madrid, de nationalité espagnole a été interné dans le camp de « concentration » d’Argelès-sur-Mer en 1941. Il venait du camp de « concentration » de Gurs (Basses-Pyrénées, aujourd’hui Pyrénées-Atlantiques), d’où il s’était évadé le 9 avril 1941. Il n’est pas possible de prouver qu’il s’agit de notre protagoniste, mais l’on peut le supposer. Nous ne connaissons pas non plus la date de son départ d’Argelès, mais nous pouvons déduire d’après les documents des AD 29 de Quimper qu’il a quitté ce camp à la fin du printemps ou au début de l’été 1941, puisque nous retrouvons José VÁZQUEZ MONJE à la base sous-marine de Brest en août 1941.
Puis, José va être livré aux Allemands par le gouvernement de Vichy comme de nombreux combattants républicains espagnols. Il arrive à Brest (Finistère) à une date inconnue et s’y trouve le 30 août 1941. Il va faire partie de ces travailleurs forcés que les Allemands appellent « ROTSPANIER » (Espagnols rouges) et qui vont construire la base sous-marine de Brest. C’est l’organisation allemande TODT qui est chargée de la construction de ce monstre de ciment et de béton que le poète galicien de Lugo Claudio RODRÍGUEZ FER (Président d’honneur de l’Association MERE 29 de Brest) nomme « ARSENAL de la BARBARIE ». Dans ce lieu de souffrances où la nourriture est rare, où les travailleurs forcés et en particulier les « Espagnols rouges » sont maltraités, José sera employé comme manœuvre à la Société Bergtcamp au chantier des « Quatre pompes » à Saint-Pierre Quilbignon. Il sera cantonné dans une des baraques du camp de Kéroual (ou camp Gobineau) à Guilers (Finistère) en 1941 et jusqu’au 17 mars 1942. Le 25 octobre 1941, José est victime d’un accident du travail à la base sous-marine où il est blessé lors du chargement d’un camion et obtiendra un arrêt de travail de 8 jours.
Il réside par la suite à Brest jusqu’au 20 janvier 1944.
À partir du 22 janvier 1944, José rejoint Concarneau (Finistère), mais les soldats allemands occupent toujours une grande partie de la France et la Bretagne en particulier.
José va volontairement s’engager dans le Bataillon FFI (Forces Françaises de l’Intérieur), Unité Espagnole de Plouay (Morbihan) et ainsi participer à la Libération de la Bretagne. Il va servir dans le 7e Bataillon FFMB (Forces Françaises du Morbihan) comme caporal du 1 septembre 1944 au 25 avril 1945. Cette unité espagnole est commandée par le capitaine Tomás DÍEZ (ou Thomas Diez). Mais José va quitter ce bataillon avant que celui-ci ne soit dissout et rentrer dans son foyer à Concarneau.
Dans cette jolie ville de Concarneau, José trouve un emploi de mécanicien dans la société « Glacière concarnoise », sise à Concarneau et se marie le 22 décembre 1944 dans cette même cité avec Marguerite Louise Anna JACQ (6 mars 1921 à Concarneau-6 août 1996 à Concarneau) qu’il a connue à Brest.
De cette union vont naître cinq enfants :
– Marie-Josée Marguerite Yvonne (4 juillet 1943 à Concarneau-18 juillet 2007 à Quimper)
– Jean-Pierre Eugène (26 décembre 1944 à Concarneau-6 novembre 1988 à Rennes)
– Lolita (20 janvier 1947 Concarneau)
– Ángel (27 avril 1951 à Concarneau-8 mars 1995 à Concarneau)
– Daniel (10 juin 1956 à Concarneau)
Quant à José VÁZQUEZ MONJE qui a conservé sa nationalité espagnole, il est décédé en son domicile, 4 rue Courcy à Concarneau le 12 mars 1962, il avait 45 ans. Il repose dans le cimetière de cette ville dans le carré 2, tombe numéro 20 (information transmise par Clemente Martínez Cruz).
Sources :
– Archives Départementales des Pyrénées-Orientales (A D 66) à Perpignan, Référence fichier 1260 w 66
– Mémoire des Hommes (Engagés volontaires étrangers en 1939/1940)
– Archives Départementales du Finistère à Quimper, Dossier 63 W 55 :
* Récépissé de demande de carte d’identité, Guilers, 1942
* Récépissé de demande de carte d’identité, Concarneau, 1945
* Carte de séjour de Résident ordinaire, Concarneau, 1948
* Carte d’identité de Travailleur industriel, recto, Concarneau, 1960
* Carte d’identité de Travailleur industriel, verso, Concarneau, 1960
* Carte de séjour de Résident ordinaire, Concarneau, 1960
– Registre de l’État civil de la ville de Concarneau
– Registre de l’État civil de la ville de Quimper
– Registre de l’État civil de la ville de Rennes
– Archives de la Ville de Brest. Commune de Saint-Pierre-Quilbignon
Recherches et rédaction du parcours de José VÁZQUEZ MONJE par Claudine Allende Santa Cruz de l’Association MERE 29 de Brest (Mémoire de l’Exil Républicain Espagnol en Finistère).
Remerciements à Clemente Martínez Cruz de La Rochelle pour avoir transmis à MERE 29 cette demande d’informations fin décembre 2022 concernant José VÁZQUEZ MONJE.
Claudine Allende Santa Cruz
Le 15 janvier 2023
Remerciements transmis le 12/05/2023 par Romuald Vasquez, un des petits-enfants de José Vázquez Monje et de Marguerite Jacq :
Cc…j espère que vous allez bien ainsi que votre famille…grâce à vous je découvre une partie importante de la vie de mon grand père…et j’ en suis fier. Encore merci pour le travail que vous faites..sans vous je n’aurais jamais connu une partie de sa vie. J’espère aussi vous rencontrer bientôt. Peut-être après le 15 août on pourrait se bloquer une date. Passez une bonne soirée.
Remerciements transmis le 10/05/2023 par José, fils de Marie-José Vázquez Monje et petit-fils de José Vázquez Monje et de Marguerite Jacq :
Bonsoir Claudine, Les photos et leurs commentaires me conviennent parfaitement. Te serait-il possible de me transmettre la biographie en PDF afin de la montrer à mon fils ? À défaut de me répéter; encore un grand merci pour ton travail qui me touche beaucoup…Bien cordialement, José.