Le CTDEE (Centre Toulousain de Documentation sur l’Exil Espagnol) nous invite à nous plonger dans l’univers poétique de Claudio Rodríguez Fer, Président d’Honneur de MERE 29
« LE TEXTE qu’a donné Claudio Rodríguez Fer pour ce numéro des Cahiers mènera les lecteurs dans une des régions d’Espagne où la terreur fasciste a trouvé, pourrait-on dire, son expression la plus pure, car en Galice, en 1936, il n’y a pas eu de guerre. Rien que la répression, après les quelques vaines tentatives de résistance au coup d’État militaire, à laquelle les femmes ont pris une si grande part.
Dans le labyrinthe des noms des personnes, des groupements et des lieux, il s’agit bien d’un voyage dans l’histoire et sa mémoire auquel nous sommes conviés, depuis le minuscule hameau de Cea jusqu’à l’écrasant arsenal de Brest…
Les textes et poèmes présentés ici n’ont pas été écrits en français. Aussi faut-il rendre hommage à celles qui les ont traduits : Annick Boilève, María Lopo, Claudine Allende et Michèle Lefort. Leurs noms apparaissent en mention marginale. Les textes et poèmes que nous avons traduits nous-mêmes apparaissent sous la mention «Traduction CTDEE ».
L’écriture poétique a ses énigmes créatrices. Au lecteur de les démêler ou d’inventer ses propres réponses. Dans l’histoire malheureuse et admirable dont il est question ici, deux mots au moins doivent être explicités. Il s’agit d’abord de la « promenade » [el paseo], l’horrible antiphrase par laquelle on désignait l’exécution sommaire des personnes tirées de leur domicile ou d’une prison ; il s’agit aussi des « fossés » [las cunetas] du bord des routes, où les bourreaux jetaient ostensiblement les cadavres, pour l’instruction des populations…»
Vous y trouverez de très beaux poèmes écrits en galicien par Claudio et traduits en français :
- « A JUANA CAPDEVIELLE » Ce magnifique poème est dédié à Juana Capdevielle, originaire du Béarn, bibliothécaire à Madrid et épouse de Francisco Pérez Carballo de A Coruña, lui-même fusillé en 1936. Juana, quant à elle, a été assassinée et enterrée à Rábade, près de Lugo, le 18 août 1936. Ces vers écrits par Claudio ont été gravés dans le bronze sur un monument de la ville de Rábade.
- « AS COSTUREIRAS » (Les couturières). texte dont les vers sont également dédiés à Juana Capdevielle et évoquent la répression exercée par les franquistes contre les femmes en Galice. Ce texte a servi pour la représentation théâtrale de la pièce intitulée « Kilómetro 526 ». C’est à cet endroit précis que le corps de Juana, qui était enceinte, a été abandonné dans un fossé sur la route de Madrid-A Coruña.
- « PAZ PARA SIEMPRE » (Inscripción). Ce très beau poème est gravé sur l’un des monolithes Xermolos de Paz e Libertade (Germes de Paix et de Liberté), Avenida de Navarra de A Coruña. Sur les cinq autres stèles, l’on peut lire les noms des 600 victimes de la répression franquiste dans plusieurs villes de la province de A Coruña.
Il est à signaler que le nom de l’oncle de Raoul Expósito, domicilié à Brest, est gravé sur l’une des stèles. Il se nommait Enrique Expósito González, était né à A Coruña et avait 31 ans en 1937. Il était mécanicien dans cette ville galicienne et appartenait à la C N T. Il demeurait au N° 5 de la Avenida de Biscaia. Enrique a été jugé à A Coruña, condamné à mort pour rébellion militaire et exécuté à 6h30 le 11 septembre 1937 dans cette même localité.
- « ARSENAL DE LA BARBARIE ». Ce merveilleux poème a été écrit par Claudio en galicien et en castillan spécialement pour la journée de l’hommage qui a été rendu le 10 octobre 2014 à Brest « Aux Républicains espagnols et à l’ensemble des travailleurs ayant édifié cette base de sous-marins sous la contrainte de l’Occupant. 1940-1941 ».
- « PAI MEU. (AMÉN, CAMARADA) » poème dont les vers rendent un vibrant hommage à Claudio Rodríguez Rubio, le père de Claudio Rodríguez Fer.
Remerciements à Claudio de nous avoir transmis ce « Témoignage poétique et personnel » publié dans le CTDEE de Toulouse.
Claudine Allende Santa Cruz
Le 4 juin 2023