MERE 29 à Pleumeur-Bodou, au Collège Paul Le Flem

 

Le 11 juin, une délégation de MERE 29 s’est rendue à Pleumeur-Bodou, au Collège Paul Le Flem, pour une intervention sur l’exil républicain espagnol en Finistère et Côtes-du-Nord devant les trois classes de 3ème de cet établissement comprenant des élèves hispanisants ou germanistes.

Initialement prévue à deux voix comme l’an dernier, cette intervention a été présentée uniquement par Jean, Claudine ayant dû au dernier moment, et au grand regret de tous, déclarer forfait pour raisons de santé.

Organisée par Denis Le Bail, professeur d’Histoire, aidé par ses collègues Florence Aurégan, professeur d’Espagnol, et Sophie Le Marer, professeur de Lettres Modernes, cette opération entrait dans le cadre de deux projets menés cette année au collège :

– en LV2-Histoire : « La Guerre civile 1936-1939 » ,

– en Lettres Modernes-Histoire : « L’homme dans la guerre »,

tout ceci en relation étroite avec l’Enseignement Moral et Civique : « le devoir de mémoire et la solidarité ».

Nous remercions vivement M. Gasnier, principal, Mme Corest, gestionnaire, et les trois professeurs déjà cités pour la gentillesse de l’accueil reçu. Un grand merci aussi à Eric Le Buannec, agent technique, pour la gestion du son et de l’image et aux autres agents techniques du collège pour la mise en place dans le self. Et un très grand merci bien sûr aussi à tous les élèves pour leur intérêt et leur politesse.

PARCOURS de 1937 à 1941 de 5 familles originaires des Asturies qui ont été hébergées en 1939 à Ploumanac’h en Perros-Guirec (22) dans le même canton que Pleumeur-Bodou.

Le 2 février 1939, au moment de la RETIRADA, arrivent 40 réfugiés civils espagnols  à Ploumanac’h. Ces femmes et ces enfants viennent de Saint-Brieuc et sont hébergés chez Madame EVEN au restaurant “Les Traouïéro”. Le train qui s’arrête en gare de Saint-Brieuc vient de la gare internationale de la ville de Latour-de-Carol (Pyrénées-Orientales) que ces réfugiés ont quittée le 31 janvier 1939 après le passage de la frontière française possiblement à Bourg-Madame (Pyrénées-Orientales).

Avant leur arrivée en France, ils sont domiciliés dans diverses villes des 4 provinces de Catalogne. Et l’on peut supposer qu’ils sont dans cette région catalane, toujours républicaine, depuis le second semestre 1937, pour certains. C’est le cas des 5 familles asturiennes (21 personnes), qui ont quitté leur terre peu de temps avant la chute de Gijón et du “FRENTE NORTE” (Front Nord) tombés le 21 octobre 1937 aux mains des rebelles de Franco. Et à ce moment-là, l’unique façon de se sauver et d’échapper à l’horreur de la guerre reste la mer. “LA MAR COMO ÚNICA SALIDA” ( La mer comme seule issue). Puis ces 21 Asturiens vont certainement embarquer sur des navires marchands britanniques (BRAMDEN, MYDOLL) ou français ou des bateaux de pêche espagnols et débarquer dans les ports de l’Atlantique comme par exemple Pauillac-Trompeloup (Gironde) après avoir réussi à éviter le blocus imposé par Franco dans les eaux de la mer Cantabrique.

Ensuite, tous ces réfugiés espagnols vont regagner la Catalogne souvent par train jusqu’à Puigcerdà (Gerona), puis en car pour rejoindre les différents centres basques, asturiens ou autres devant les héberger, comme Gironella (Barcelona), Aguilar de Segarra (Barcelona), Montmeló (Barcelona), Barcelona

Les 5 familles asturiennes (21 réfugiés) se trouvent sur la liste des 40 arrivées du 2 février 1939 à Ploumanac’h, liste rencontrée aux AD 22 à Saint-Brieuc – 4M 283.

Liste d’arrivée le 02/02/1939 de 40 réfugiés à Ploumanac’h (22)

Famille ALONSO GONZÁLEZ domiciliée à Montmeló (Barcelona) :

  • Aurora GONZÁLEZ GONZÁLEZ née à San Juan de la Arena, 56 ans, partie le 16 mai 1939 à Nantes (Loire-Inférieure) via Marseille pour émigrer en Argentine.
  • María Ana ALONSO GONZÁLEZ née à San Juan de la Arena, 26 ans, fille de Aurora, partie le 16 mai 1939 à Nantes via Marseille pour émigrer en Argentine.

Dans son livre “L’exil espagnol en Bretagne. 1937-1940”  Isabelle Le Boulanger écrit, à la page 301, “Le 4 août 1939, évasion d’un certain Alonzo, réfugié dans le Cher, à Saint-Amand, qui s’évade pour rendre visite à sa famille hébergée au centre de Ploumanac’h. Il regagne ensuite , seul, le centre de Saint-Amand ” (AD 22 – 4 M 292). Il s’agit certainement de l’époux de Aurora et père de María Ana.

Famille CUERVO NOVAL domicilée à Gironella (Barcelona) :

Cette famille CUERVO NOVAL composée de 7 personnes embarque vers fin septembre 1937 sur le navire marchand britannique le SS MYDOLL depuis un port asturien, peut-être El Musel et débarque possiblement à Pauillac-Trompeloup, près de Bordeaux. Puis elle franchit la frontière des Pyrénées et trouve refuge à Gironella dans la province de Barcelona (Renseignement sur le refuge de Gironella donné par Luis GARRIDO et Gloria CAMPOY COLLADO) . Le nom du bateau qui a transporté la famille CUERVO NOVAL a été donné par Enedina CUERVO NOVAL ou “Nedita” lors de l’interview qu’elle a accordée à 89 ans à la journaliste Fernanda Valdés Rodríguez.

GIRONELLA. La Torre Alsina. ARXIU A.R.B.
  • Etelvina NOVAL GARCÍA née à Noreña, 56 ans, rapatriée par train le 30 octobre 1939.
  • Jovina CUERVO NOVAL née à Noreña, 26 ans, fille de Etelvina et épouse PÉREZ, rapatriée par train le 3 juillet 1939.
  • Enma PÉREZ CUERVO née à Noreña, 3 ou 5 ans, fille de Jovita, rapatriée par train le 3 juillet 1939.
  • José Manuel PÉREZ CUERVO né à Gironella (Barcelona), 1 an, fils de Jovita, rapatrié par train le 3 juillet 1939.
  • Socorro CUERVO NOVAL née à Noreña, 20 ans, fille de Etelvina, rapatriée par train le 30 octobre 1939.
  • Clementina CUERVO NOVAL née à Noreña, 18 ans, fille de Etelvina, rapatriée par train le 30 octobre 1939.
  • Enedita ou Enedina CUERVO NOVAL née à Noreña, 13 ans, fille de Etelvina, rapatriée par train le 30 octobre 1939.
  • Montserrat CUERVO NOVAL née à Noreña, 12 ans, fille de Etelvina, rapatriée par train le 30 octobre 1939.

Une petite précision en ce qui concerne Socorro, Enedita et Montserrat qui ont quitté Ploumanac’h le 30 octobre 1939 pour être rapatriées, non pas en Espagne, mais internées dans le camp de “concentration” d’Argelès-sur-Mer (Pyrénées-Orientales), car ne pouvant regagner leur patrie à cause de la répression imposée par Franco. Elles vont rester dans ce sinistre camp jusqu’au 16 février 1941, date à laquelle toutes les trois vont retrouver leur patrie.

Socorro, Enedina et Montserrat au camp d’Argelès-sur-Mer

Lien vous permettant d’écouter Enedina ou “Nedita” [Fía del zapateru de Noreña, Rafael, el Carteru ou fille du cordonnier de Noreña, Rafael, le facteur] raconter le parcours de sa famille depuis les Asturies et le retour sur sa terre natale. Elle donne plusieurs informations intéressantes, parle de Ploumanac’h et des rochers qui l’ont impressionnée et chante la chanson des réfugiés du camp d’Argelès connue sous le titre “Somos los tristes refugiados” ou également “Allez, allez” (à 28:03) :

Les curieux rochers de Ploumanac’h (22)

Famille GONZÁLEZ ALDAITURRIAGA domiciliée à Barcelona :

  • Luisa ALDAITURRIAGA VÁZQUEZ née à Figaredo-MIERES, 32 ans, rapatriée par train le 30 octobre 1939.
  • Mari ou María GONZÁLEZ ALDAITURRIAGA née à Figaredo-MIERES, 9 ans, fille de Luisa, rapatriée par train le 30 octobre 1939.
  • Paco ou Francisco GONZÁLEZ ALDAITURRIAGA né à Figaredo-MIERES, 6 ans, fils de Luisa, rapatrié par train le 30 octobre 1939.

Cette famille GONZÁLEZ ALDAITURRIAGA a embarqué sur le navire marchand britannique SS BRAMDEN le 20 septembre 1937 depuis le port asturien de San Juan de Nieva/Avilés et a débarqué à Pauillac-Trompeloup le 21 septembre 1937, puis a passé la barrière pyrénéenne et a été hébergée à Barcelona ou dans une ville de la province du même nom.

Famille LÓPEZ PUENTE domiciliée à Aguirre de Segarra (Barcelona) :

  • Aurora PUENTE PÉREZ née à Infiesto, 32 ans, rapatriée par train le 30 octobre 1939.
  • Bautista LÓPEZ PUENTE né à Infiesto, 14 ans, fils de Aurora, rapatrié par train le 30 octobre 1939.
  • Mercedes LÓPEZ PUENTE née à Infiesto, 12 ans, fille de Aurora, rapatriée par train le 30 octobre 1939.
  • Hortensia LÓPEZ PUENTE née à Infiesto, 10 ans, fille de Aurora, rapatriée par train le 30 octobre 1939.
  • Eustaquio LÓPEZ PUENTE né à Infiesto, 8 ans, fils de Aurora, rapatriée par train le 30 octobre 1939.

Famille PASCUAL LÓPEZ domiciliée à Gironella (Barcelona) :

  • Victorina LÓPEZ ANDUEZA née à Aro (Navarra), 39 ou 41 ans, rapatriée par train le 30 octobre 1939.
  • Julia PASCUAL LÓPEZ née à Gijón, 16 ans, fille de Victorina, rapatriée par train le 30 octobre 1939.
  • Víctor Manuel PASCUAL LÓPEZ né à Gijón, 12ans, fils de Victorina, rapatrié par train le 30 octobre 1939.

Ces 21 personnes asturiennes hébergées à Ploumanac’h par Madame EVEN au restaurant “Les Trouïéro” ont, certes, eu un parcours très difficile à cause de cette maudite Guerre d’Espagne 1936/1939 et son après-guerre franquiste mais toutes ont été rapatriées ou sont parties en exil, peut-être, en France ou en Amérique latine.

Tel n’est pas le cas du petit Fernando RAMIZ SIERRA, réfugié espagnol hébergé le 02 février 1939 à la colonie de vacances de Landrellec en Pleumeur-Bodou qui y est décédé le 14 février 1939 à l’âge de 3 mois. C’est le vicaire de Guingamp, François Marie Kermaïdic, directeur de la colonie qui a fait la déclaration en mairie. Le petit Fernando né à Manresa (Barcelona)  a été inhumé à Pleumeur-Bodou bien loin de sa terre natale. Il était venu à Landrellec avec sa maman Isabel pour éviter la mort sous les bombes en Catalogne et a perdu la vie en Bretagne. Isabel a regagné l’Espagne en train par Hendaye Irún le 3 avril 1939 avec d’autres membres de sa famille hébergés également à Landrellec.

Acte de décès de Fernando RAMIZ SIERRA le 14.02.1939 à Landrellec

Jean Sala-Pala en collaboration avec Claudine Allende Santa Cruz
MERE 29