LE SILENCE DES AUTRES. La justice contre l’oubli : Sortie en salle le 13/02/2019 du documentaire réalisé par Almudena Carracedo et Robert Bahar, produit par Agustín et Pedro Almodóvar et Esther García.
Les exactions commises sous la dictature et jusque dans les années 1980 (disparitions, exécutions sommaires, vols de bébés, torture) sont alors passées sous silence.
Mais depuis quelques années, des citoyens espagnols, rescapés du franquisme, saisissent la justice à 10.000 kilomètres des crimes commis, en Argentine, pour rompre ce « pacte de l’oubli » et faire condamner les coupables.
Ce documentaire « LE SILENCE DES AUTRES. La justice contre l’oubli. », réalisé par la madrilène Almudena Carracedo et l’américain Robert Bahar, est sorti en salle en Espagne en 2018, sous le titre « EL SILENCIO DE OTROS ». Il a déjà reçu plusieurs récompenses dont le prix du cinéma européen du meilleur film documentaire à Berlin en 2018. Il se trouve également parmi les 4 nominés del Premio GOYA du meilleur film documentaire qui sera décerné le 02/02/2019 à Madrid.
CINEUROPA (Critique : Le Silence des autres par Alfonso Rivera) :
« C’est dans ce pays d’Amérique du Sud(Argentine) que se déroule une partie de l’action de ce documentaire, tourné sur plus de cinq ans (ce qui a représenté 450 heures de film) pour suivre le processus enclenché par la quête des victimes du franquisme pour amener les responsables devant la justice, de ceux qui ont été torturés aux mères dont cette période obscure a volé les enfants et aux parents qui réclament encore les corps des disparus, amassés dans des fosses communes. Parce que ces victimes ont dû aller jusqu’à Buenos Aires pour parvenir à ce que les tribunaux mettent enfin en branle une action qu’une partie de la société espagnole (et beaucoup d’hommes politiques) refuse encore d’accepter, parce qu’ils ne veulent pas tourner leurs regards vers le passé.
C’est précisément cette frange négationniste de la société espagnole qui devrait voir Le Silence des autres : l’objectif de ses auteurs est que le spectateur se sente également victime de ces abus et crimes, pour lesquels il n’y a pas prescription et qu’on ne peut ni ne doit oublier, au contraire : il faut s’en souvenir pour qu’ils ne se répètent pas. Ce n’est que quand les familles pourront retrouver les dépouilles de leurs parents morts sous le terrible dictateur et leur donner une vraie sépulture, quand ceux qui ont été frappés injustement verront leurs bourreaux punis que les blessures pourront se refermer (comme le dit quelqu’un dans le film : il n’est pas facile d’oublier, même en le voulant), ces blessures dont ceux qui n’ont pas été touchés disent qu’elles sont déjà cicatrisées.
Hélas, que le sous-sol de l’Espagne soit encore plein de cadavres non-identifiés et de fosses communes, qu’il y ait encore des rues et places qui portent le nom de militaires fascistes et que soit encore en vigueur une loi d’amnistie de 1977 qui a mis en place un pacte de silence obligatoire en dit trop long sur une nation qui est peut-être encore gouvernée par des complices silencieux de ces atrocités qui n’ont jamais été jugées, parce qu’elles ne sont pas considérées comme des crimes contre l’humanité. Ce documentaire, courageux, émouvant, agile, nécessaire et instructif, ose réclamer une vérité qui fait mal mais qui est celle que toute démocratie a besoin de traiter de front pour progresser sainement, dans le respect et l’équité. »
S’IL PASSE À BREST, ALLEZ LE VOIR !
Claudine Allende Santa Cruz
Le 17 janvier 2019
Ce documentaire de Almudena Carracedo et de Robert Bahar a reçu El Premio Goya le 2 février 2019 à Madrid et il le mérite grandement.
Voir la vidéo de remise de ce prix aux deux réalisateurs :
http://www.rtve.es/alacarta/videos/premios-goya/goya19_mejor_pelicula_documental_020219/4965839/
Claudine Allende Santa Cruz
Le 06 février 2019