Hommage aux 142 combattants républicains espagnols de la province de Almería victimes du nazisme
Le 5 mai 1945, les camps de concentration nazis de Mauthausen et de Gusen en Autriche ont été libérés et le 5 mai 2017 a eu lieu à Almería (Andalousie), la cérémonie en hommage aux 142 combattants républicains espagnols de la province de Almería qui sont morts, victimes du nazisme.
Les camps de concentration nazis de Mauthausen et Gusen ont été, durant la Seconde Guerre mondiale 1939-1945, des lieux de souffrances et de décès de nombreux combattants républicains espagnols. Les internés espagnols portent le triangle bleu des apatrides (car Franco leur avait retiré la citoyenneté espagnole) marqué de la lettre S pour Spanier (Espagnol). Ces deux camps destinés à l’extermination par le travail (Vernichtung durch Arbeit) ont été des plus sévères et des plus violents.
L’exemple du travail dans les carrières montre cette violence. Les prisonniers travaillent en été sous une chaleur écrasante et en hiver par moins 30 degrés, ce qui entraîne de nombreuses victimes. Ces esclaves doivent porter sur l’épaule de lourds blocs de granit d’environ 50 kgs plusieurs fois par jour et grimper les 186 marches pour atteindre le sommet de la carrière. Ce terrible « escalier de la mort » aux 186 marches est le lieu du camp où un nombre important de déportés ont perdu la vie.
Mauthausen et Gusen sont libérés le 5 mai 1945 par la 11 ème division blindée de la 3 ème armée américaine.
Pour ce qui est des victimes, les sources donnent de 122 000 à 320 000 morts, car les Allemands ont détruit une grande partie des documents administratifs.
Dans la province de Almería, plus de 260 républicains espagnols ont connu les camps de Mauthausen, Gusen, Dachau, Buchenwald, Neuengamme, Auschwitz…., 142 y sont morts. Parmi les rescapés de cet enfer nazi se trouve Antonio Muñoz Zamora, domicilié à Almería et arrêté à Brest (29) en mars 1944.
Antonio est né le 8 octobre 1919 à Melilla dans le Rif espagnol. Il revient très jeune à Almería. Mais, le 18 juillet 1936 éclate le soulèvement militaire de Franco et de ses acolytes et Antonio se jette dans la bataille pour défendre la République espagnole. Le 26 janvier 1939, Barcelone tombe aux mains des franquistes, Antonio connaît en février 1939 la Retirada comme beaucoup de ses compatriotes républicains espagnols. Puis, en France, il est interné dans plusieurs camps de concentration du sud et en 1941, il est livré aux Allemands, par le gouvernement de Vichy, pour la construction de la base des sous-marins de Brest. Il s’en échappe et continue son activité de résistance face à l’occupant allemand. Mais le 28 mars 1944, le groupe de résistance auquel il appartient « Los Deportistas » est arrêté par la Gestapo, suite à une dénonciation. Le responsable de ce groupe Antonio García Martín (pseudo Antonio Moreno) va connaître la prison de Pontaniou à Brest et celle de Saint-Charles à Quimper où il est interrogé, torturé, mais ne parle pas ; il est fusillé le 21 avril 1944 au Poulguen en Penmarc’h (29). Quant aux 10 autres espagnols du groupe « Los Deportistas » détenus à la prison de Pontaniou, ils sont transférés à la prison Jacques Cartier à Rennes où ils sont interrogés, puis au camp de Compiègne dans l’Oise. Le 18 juin 1944, ils intègrent un convoi de wagons à bestiaux à destination du camp de concentration nazi de Dachau où ils arrivent le 20 juin 1944.
Ces 10 espagnols se nomment : Lucas Allende Santa Cruz, Santiago Aller Llamas, Vicente Argilaga Aguer, Víctor Escrivá Chorro, Francisco Fernández Miró, Moíses García Corona, Alfonso Martínez Romero, Antonio Muñoz Zamora, José Ramírez Ruiz et Fernando Riu Vilalta.
9 d’entre eux restent dans le camp de Dachau ou dans les commandos annexes jusqu’à la libération du camp le 29 avril 1945 par la 45 ème division d’infanterie de la 7 ème armée américaine. Quant à Antonio Muñoz Zamora, matricule 74 229 à Dachau, il est transféré à Mauthausen le 18 Août 1944, où il reçoit le matricule 90 009. Le camp de Mauthausen est libéré le 5 mai 1945 par la 11 ème division blindée de la 3 ème armée américaine.
Antonio revient en France et à Brest avant de regagner sa terre andalouse de Almería dans les années 1960, accompagné de son épouse Simone et de ses 3 enfants Juan, Ana et Dolores.
À Almería et dans la province, sa préoccupation principale, en tant que survivant des camps de concentration nazis, a été de transmettre aux générations futures le parcours difficile qu’il a connu. Un livre retrace son odyssée « Mauthausen 90 009 » de Enmanuel Camacho Lisbona et Ana Torregrosa Carmona.
« POUR NE PAS OUBLIER », le 5 mai de chaque année a lieu un hommage au monument érigé dans le parc de « Las Almadrabillas » à Almería, qui rappelle le sacrifice des combattants républicains espagnols de cette province. Cette statue représente un déporté portant un lourd bloc de granit sur l’ épaule, gravissant les marches du tristement célèbre « Escalier de la mort ». Tout autour se dressent 142 colonnes représentant les 142 victimes de Almería assassinées à Mauthausen et à Gusen.
Ce monument, Antonio l’a rêvé, l’a voulu et a pu le voir lors de son inauguration en 1999.
Agradecimientos por las fotografías de Almería a José, Christiane, Simona, Dolly,William y los demás.
Claudine Allende Santa Cruz